Mercato OM : pourquoi Medina a tout l'air d'une bonne pioche ?

Mercato OM : pourquoi Medina a tout l'air d'une bonne pioche ?

Est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots les principales qualités de Facundo Medina ?

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Laurent Mazure : Je ne vais pas dire que c'est  l’Argentin type, mais c’est en tout cas quelqu’un de dur sur l’homme, dans le bon sens du terme. Combatif, parfois à la limite – on en reparlera peut-être avec ses avertissements, etc. Mais voilà : combatif, âpre dans les duels. Il a un très bon pied gauche, très bon pied gauche. Il sait tirer, il sait centrer, il sait porter le ballon vers l’avant. C’est un des joueurs de Ligue 1 qui porte le plus le ballon justement vers la surface adverse. Il sait se dépasser, entre guillemets, ça va dans le sens du dépassement de fonction. Il est capable de jouer à plusieurs postes aussi, il est polyvalent. On l’a surtout vu axe gauche dans la défense à trois du RC Lens, mais il a joué notamment parfois latéral gauche dans une défense à quatre. Et puis, il a pu jouer aussi en numéro six, notamment face à Lille dans le derby l’an dernier, où il avait été bon. Mais c’est vrai que c’est quelqu’un qui aime avoir le ballon, qui a de la technique, et qui est bon un peu partout, même du pied droit puisqu’il a déjà marqué avec son pied droit. Donc voilà, ce sont ses principales qualités.

Toi tu le vois bien s’incorporer dans le système de De Zerbi. De Zerbi a cette faculté aussi de s’adapter un petit peu à ses adversaires, il est capable de changer un peu son schéma de jeu. Mais il y en a beaucoup qui pensent que Medina arrive pour jouer latéral gauche. Moi, personnellement, ça m’a un petit peu surpris au premier abord. Est-ce que ça t’étonnerait de le voir occuper ce rôle ?
Laurent Mazure : Ça m’étonnerait dans la durée. Pourquoi pas ponctuellement, notamment parce qu’il s’est surtout fait connaître à Lens en tant qu’axial gauche de la défense à trois, là où il exploite vraiment toutes ses qualités. Notamment, comme je te l’ai dit, il a cette capacité à porter le ballon vers le milieu de terrain, voire vers la surface adverse. Il combine aussi avec son piston gauche dans ce schéma-là, et c’était Machado, avec qui il avait une affinité très particulière. Donc, à ce moment-là, c’étaient des conditions totalement autres. En tant que latéral gauche, moi, je ne pourrais pas porter de jugement forcément trop définitif parce qu’on l’a finalement peu vu. Mais c’est sûr que ça le bride dans certaines de ses fonctions, dans certaines de ses qualités, parce qu’il n’a pas une couverture forcément derrière pour le suppléer. Après, comme je te l’ai dit, il a une très bonne patte gauche. Mais moi je serais, honnêtement, même sans connaître les intentions de De Zerbi, je serais surpris de le voir exclusivement cantonné à ce poste de latéral gauche. Après, ça peut être – je ne sais pas s’il l’a fait, parce que je n’ai pas suivi tous les matchs de Marseille – mais peut-être le faire jouer dans un poste hybride, c’est-à-dire à 4 en mode défensif, et dans un 3-5-2 en mode offensif. Donc ça pourrait lui correspondre peut-être mieux. Latéral gauche, il l’a fait dans sa jeunesse, mais ça fait quand même 4 ans, 4 ans et demi qu’à Lens, il est pur axe gauche.

Et dans une défense à 2, tu le vois s’imposer ?

Laurent Mazure : Je pense qu’il peut. Encore une fois, après, tout dépend des demandes de De Zerbi, c’est savoir ce qu’il attend de lui. De toute manière, il aura des consignes. À Lens, ce n’est pas parce que tu le voyais parfois dans la surface de réparation que c’était lui qui le faisait seul. C’est sûr qu’il aime bien ça, mais il avait aussi des consignes de la part du coach. Notamment, à l’époque, c’était Franck Haise. Il a énormément appris avec Franck Haise dans le jeu de position, il savait où se placer. Il a appris énormément, il a une intelligence de jeu qui est vraiment là. Il a développé ses qualités et écouté aussi vraiment ce qu’on lui demandait de faire.

Mais tu vois, j’aime bien cerner un peu l’homme aussi. Toi qui étais très proche de l'environnement "RC Lens", même si là tu as pris un peu de recul maintenant. Comment il était dans le groupe ? J’imagine qu’il était très apprécié des supporters lensois, même si là j’ai vu beaucoup de commentaires négatifs sur son départ à l'OM. 
Laurent Mazure : Ouais tu sais les supporters c’est tout amour, et tout à coup, ça se transforme en haine. C’est très versatile un supporter et ça oublie très vite ce qu’il a pu apporter. Notamment en plus Facundo… Moi qui suis Lens depuis les années 90, j’ai connu qu’un joueur qui a eu une ovation quand il est parti parce qu’on savait qu’il partirait cet été. Le dernier match était contre Monaco et il a reçu une ovation de tout un stade. C’était une soirée vraiment très forte. Et pour moi, il n’y avait que (Vladimir) Smicer qui avait eu ça en 1999. Donc ça montre un peu quand même… Il a marqué son passage. Ça fait cinq ans. Il a réussi sa sortie. Il a tout donné, même si sa dernière saison a été pour moi la moins aboutie. Mais il a vraiment contribué à ce Lens-là. Et aujourd’hui, j’ai envie de dire : peu importe où il allait – peut-être sauf à Lille – mais pour moi je ne lui souhaite que le meilleur et simplement merci. Et puis passons à autre chose, parce que ça reste un joueur, un homme déjà, un homme vraiment très humain, très humble, de par sa jeunesse, son éducation. Très famille, mais très groupe. Il aime chambrer, je pense que ça s’est vu à plusieurs reprises avec les médias aussi, mais au sein du groupe, c’est quelqu’un qui est très apprécié. Pour moi, s’il y a un club en France où je le voyais aller… alors j’aurais préféré peut-être qu’il aille en Espagne – je pense qu’à l’étranger, l’Espagne est un championnat fait pour lui – mais sinon en France, c’était l’Olympique de Marseille, parce que finalement il a un caractère qui va bien.

Roberto De Zerbi demande aussi beaucoup à ses défenseurs dans la relance. Balerdi faisait partie des joueurs qui touchaient le plus de ballons à l’OM, presque un rôle de meneur de jeu de derrière, c’était un peu le concept de De Zerbi. Est-ce que Medina, tu penses qu’il coche quand même des cases là ?
Laurent Mazure : C’est totalement ça. En fait, Medina aime bien… Ce qu’il fait beaucoup, et ce qu’il faisait beaucoup avec Franck Haise : il porte le ballon et il avance, il avance, il fixe pour trouver les bons angles de passe. Il fait souvent des passes qu’on n’attend pas. Et ses qualités de passe sont vraiment excellentes. Et oui, c’est un meneur de jeu un peu reculé, c’est pour ça que ça ne m’étonnerait même pas, des fois, qu’il monte un peu plus. C’est quelqu’un qui suit ses actions, il fait la passe, mais il n’hésite pas à faire du dépassement de fonction. Après, tout dépend de la compensation aussi avec les autres joueurs. C’est quelqu’un qui, en tout cas en première relance, peut être très important, très précieux.

Tu m’as dit, cette dernière saison était sûrement la moins bonne. Toi, comment t’expliques ce passage-là ? Pourquoi tu penses qu’il a fait cette saison un peu en dessous de son niveau habituel ?
Laurent Mazure :Parce qu’il y a eu beaucoup plus de chamboulements au sein de la défense lensoise. Le trio qu’il composait avec Jo Gradit et Kevin Danso, lors des deux années où ça a très bien marché, n’était plus là ou moins là. Il a aussi eu beaucoup plus d’avertissements, il en a compilé pas mal l’an passé, il a eu ses premières expulsions. Et puis, dans ses matchs, il a été plus irrégulier. Voilà. Donc je vais dire que c’est la saison la moins aboutie, mais ça n’enlève en rien pour moi les quatre saisons d’avant. Et puis, “moins aboutie”, elle n’est pas non plus "dégueulasse". Elle est plutôt bonne. Après, encore une fois, Lens a changé de coach, il y a eu un an de Still. Possiblement que les demandes n’étaient pas les mêmes. Donc après, ça marche aussi à la confiance, à ce qu’on te demande de faire. Et puis, encore une fois, il a été mis aussi sur le côté gauche, donc il a été un peu plus trimbalé.

Sur le côté des avertissements, c’est ce qu’on peut craindre aussi du côté de l’OM ? L’OM est un club plus exposé que Lens, plus médiatisé. Est-ce qu’il faudra qu’il fasse plus attention ?

Laurent Mazure : Non, je ne sais pas sincèrement. En fait, j’ai l’impression que Facundo a cette faculté d’être à la limite. C’est-à-dire que, pendant quatre ans, jusqu’à son premier carton rouge en août dernier en Coupe d’Europe – puisque finalement il a eu son premier rouge en championnat que cette saison – pendant quatre ans, à chaque fois il prenait des jaunes mais il savait après se retenir. Il n’avait jamais pris de rouge. Donc ça montrait quand même une intelligence. C’est-à-dire : il sait faire la faute jusqu’à un certain point, mais après, calmos. Est-ce que ce sera pareil à Marseille ? Est-ce qu’il sera plus durement sanctionné, plus surveillé ? Je ne sais pas, possiblement. En tout cas, c’est vrai qu’à Lens, il a quand même pris 61 cartons jaunes. C’est quand même le troisième joueur de l’histoire de Lens le plus averti, devant Cyril Rool. Ça place le garçon, même s’il avait deux fois plus de matchs que Rool. Mais non, moi je trouve qu’il est agressif dans le bon sens du terme. Il a ce côté, il a cette tchatch d’un bon Argentin. Il sait provoquer, il est provocateur, mais je pense vraiment dans le bon esprit. Et je lui souhaite – et je souhaite pour l’OM – qu’il soit sanctionné le moins possible, en tout cas qu’il soit suspendu le moins possible. Mais c’est sûr qu’il va prendre son petit lot de cartons.

Est-ce que tu as senti, parfois à Bollaert, dans les gros matchs, qu’il était à la limite dans ces ambiances un peu chaudes, qu’il va retrouver à tous les matchs à l’OM ?
Laurent Mazure : Là où certains lui en veulent, c’est ce rouge justement pris contre le Panathinaïkos, l’an dernier au match aller. On mène 2-0, il n’y a pas de danger, là il prend ce rouge. Je pense que sans le rouge, on explose le Pana. Et finalement, c’est un petit peu plus dur. C’est un excès d’engagement de sa part. Mais j’ai envie de dire que sinon, ça le  galvanise plus qu’autre chose. C’est quelqu’un qui est très sensible, très humain. Et tu le vois dans ses réactions. Des fois, tu peux t’amuser avec l’OM à regarder à l’autre bout du terrain, sur les buts, à la fin des matchs, tu peux lire sa déception, sa joie, sa rage. C’est quand même très, très beau. C’est très fort. C’est quelqu’un qui vit ses matchs, qui vit ses clubs. Et j’aime beaucoup, en fait. J’aime beaucoup cette agressivité bien placée, tu vois. Cette hargne, en fait.

Si tu as un petit bémol à mettre, un axe de progression, hormis les cartons jaunes, mais dans son jeu, ce serait quoi, toi, là où le bât blesse un petit peu chez Medina ?
Laurent Mazure : Je n’ai pas envie de dire de l’excès de confiance mais j’ai toujours le souvenir de cette erreur face à Nice, il y a un an et demi, où il perd le ballon au milieu de terrain en portant le ballon justement, en voulant fixer, mais il a fixé trop longtemps. Il a perdu le ballon et derrière, ça fait but. Et Lens perd 3-1 ce soir-là. Peut-être, ouais, ce n’est pas de l’excès de confiance, mais en tout cas il faut que sa volonté de jouer, son amour du jeu ne dépasse pas parfois la raison. Ce n’est pas quelqu’un qui va balancer les ballons en touche. C’est quelqu’un qui essaie toujours de repartir propre, et c’est un peu les défauts de ses qualités, tu vois. Mais moi, je trouve que c’est un défenseur très complet qui va en surprendre plus d’un du côté de Marseille. Vraiment. Il y a cette agressivité à doser aussi, parce que c’est vrai que quand tu commences à prendre une quinzaine de cartons par saison, c’est handicapant. Ce sont ces petites choses-là qu’il faut qu’il corrige. Mais je pense que les supporters de Marseille lui pardonneront quelques matchs où il n’est pas là s’il est très bon.