Roberto De Zerbi se confie en Italie : sa vision de l’OM, du foot moderne et de la Vie !

Roberto De Zerbi se confie en Italie : sa vision de l’OM, du foot moderne et de la Vie !

Quelle est la chose qui vous pèse le plus aujourd'hui ?

casino in belgie app – Vous êtes joueur en ligne et vous vous demandez si vous pouvez jouer aux meilleurs jeux de casino belges depuis votre mobile ? Vous souhaitez connaître la

Ce qui me pèse le plus, c'est que les gens ont fini par croire que je suis quelqu'un que je ne suis pas. Quand on parle de philosophe… Je suis tout sauf un philosophe, j’ai eu des conflits avec beaucoup de monde dans ma vie. Quand on me traite d’intégriste ou qu'on parle de mon football, sachez que si je peux, à dix minutes de la fin, je mets deux gardiens pour défendre.

Vous êtes en vacances actuellement ?

Tranquille est un mot que je n'aime pas trop, mais oui, je suis en vacances. On a terminé la saison et on prépare déjà l'avenir : recrutement, ventes, organisation interne, finalisation du staff, stage de préparation, pré-saison… tout est déjà organisé.

Comment fonctionne concrètement la campagne de recrutement ?

L'entraîneur doit être en lien direct avec le directeur sportif, qui est l'interface entre le club et le staff technique. Les besoins sont clairs des deux côtés, mais il y a aussi le facteur budget, ce que tu veux et ce que tu peux acheter. Parfois je donne un nom au directeur sportif, parfois c’est l’inverse. J'ai aussi un staff de scouts qui travaille pour moi à Marseille, embauché par le club, pour trouver la solution qui rendra tout le monde heureux.

Quel regard portez-vous sur Luis Henrique, qui vient de terminer la saison avec l'OM ?

C’est un très bon joueur, avec de la force physique et des qualités techniques. C’est aussi un bon garçon. Il faudra voir sur le terrain, car il n’a pas joué les trois derniers matchs.

Il a déclaré que vous étiez le meilleur entraîneur qu'il ait eu. Cela vous touche ?

Les joueurs n'ont pas besoin des entraîneurs pour être bons. Nous essayons simplement de les aider à se mettre dans la meilleure position et à leur donner confiance. C'est un Brésilien de Rio, il a besoin d'un peu plus d'affection. Le travail d'entraîneur est beaucoup mental, il faut trouver la bonne clé pour chaque joueur, ce qui n'est pas toujours facile. On a très bien travaillé ensemble. La vente était prévue, même si c'était un joueur important et titulaire. On a dû s'y résoudre.

Est-il encore pertinent aujourd'hui de traiter tout le monde de la même manière dans un groupe ?

Non, ce n'est pas humain. Je suis égal avec tout le monde sur le respect, la transparence, la cohérence. Mais on ne peut pas traiter tout le monde de la même manière. Les joueurs plus âgés méritent qu'on respecte leur histoire. Chacun a ses sensibilités et son caractère, il faut s’adapter à chacun.

Cette capacité d’adaptation vient-elle de votre caractère ou avez-vous dû l’apprendre ?

C’est mon caractère, ma sensibilité. J’ai toujours été attiré par les relations humaines, comprendre les cerveaux, les fragilités, les besoins des personnes avant les joueurs. Je lis beaucoup sur ces sujets. Mon but n’est pas de plaire à tout le monde mais avec les joueurs, c’est naturel pour moi d’instaurer de l’empathie. Peut-être un peu moins avec les dirigeants ou les clubs.

Vous parlez beaucoup avec vos joueurs ?

Oui, si eux me donnent l’ouverture. Sinon, je ne force pas. Avec Mason Greenwood par exemple, on a eu deux conversations où il s’est ouvert, c’est une personne très sensible. Je le gérais via son père, qui est quelqu’un de formidable. Si un joueur ne veut pas parler, je ne vais pas le forcer.

Vous parlez parfois de choses extra-sportives avec vos joueurs ?

Oui. À Sassuolo par exemple, quand Maradona est décédé, j’ai fait 30 minutes de réunion sur lui pour leur expliquer qui il était, au-delà du terrain. Quand le Pape est mort, j’étais à Rome, je leur ai aussi parlé de lui, de l’homme que j'avais perçu. Il faut aussi les sensibiliser à ce qu’il se passe en dehors du foot.

Vous pensez que ce type de discours les enrichit en tant qu’hommes ?

Oui. Mon ancien professeur d’italien disait qu'il fallait parfois arrêter le programme pour parler de ce qu'il se passe dans le monde. Cela m’est resté. Je ne suis pas leur parent, mais ayant des enfants du même âge qu’eux, je ressens ce besoin de les ouvrir à ce qui les entoure. Cela les aide à mieux comprendre le monde.

Est-ce que ce type d'approche vous aide à mieux vous faire connaître ?

Oui. Cela me permet de me faire connaître en profondeur. Évidemment, les joueurs t’apprécient aussi pour le temps de jeu que tu leur donnes, mais si je devais arrêter demain, ce qui me marquerait le plus serait le lien que j’ai construit avec mes joueurs.

Vous êtes très franc avec vos joueurs et les journalistes. Cela ne vous joue-t-il pas parfois des tours ?

Beaucoup de choses sortent des vestiaires, il y a des fuites. Je pars toujours du principe que les gens sont de bonne foi, mais parfois je me trompe. En revanche, avec les journalistes, c’est plus difficile : dire ce que l’on pense sincèrement, c’est risqué. Cela peut créer des polémiques alors que ce n’était pas le but.

Pourquoi n’avez-vous pas parlé à la presse italienne depuis deux ans ?

Parce que je me suis retrouvé malgré moi au cœur d’une querelle entre Lele Adani, qui est un frère pour moi, et un groupe de journalistes italiens. Un grand journaliste m’a même avoué m’avoir attaqué pour atteindre Adani. Cela m’a beaucoup blessé. J’ai préféré me taire plutôt que de rentrer dans ce jeu. Je parle avec ceux qui sont honnêtes.

Vous êtes souvent perçu comme un entraîneur qui divise, cela vous dérange ?

Oui, cela me dérange. Je suis franc, je dis ce que je pense avec force, mais je ne fais pas cela pour diviser. Parfois, certains ont voulu m’utiliser pour atteindre d’autres personnes, et cela, je ne l’accepte pas. Je parle avec sincérité, pas pour faire le show.

Vous avez récemment reçu la citoyenneté d’honneur à Foggia. Cela vous a-t-il conforté dans votre manière d’être ?

Oui. Quand j’ai reçu ce prix, je me suis demandé si cela valait la peine de rester fidèle à mes principes. Ce jour-là, j’ai eu ma réponse : oui, cela en vaut la peine, même si cela me ferme des portes dans certains clubs.

Quelle relation entretenez-vous avec les villes où vous avez entraîné ?

J’essaie toujours de me connecter à la ville. J’ai adoré Brighton, une ville spéciale avec des gens formidables. À Marseille, c’est pareil : une ville magnifique, pleine de contradictions, mais avec une passion incroyable. Si je ne ressens pas cette connexion, j’aurais du mal à bien faire mon travail.

Quel est l’impact des supporters sur les résultats d’une équipe ?

Ils peuvent être un moteur ou un frein. Au début de la saison, le Vélodrome était un frein : on gagnait à l’extérieur et on peinait à domicile. On a dû en parler ensemble, comprendre ce que signifie jouer pour Marseille. Après cela, le stade est devenu un atout majeur. Dans la deuxième moitié de saison, on a été l’équipe qui a pris le plus de points à domicile en France.

Est-ce important d’avoir des joueurs locaux dans l’équipe ?

Oui, c’est un plus. Un joueur comme De Rossi à Rome apporte énormément car il connaît les codes, la culture, il guide les autres. Mais cela dépend aussi de la personnalité des joueurs locaux : certains peuvent aussi utiliser leur influence de manière moins positive.

Vous avez vécu l’expérience du Shakhtar en pleine guerre en Ukraine. Aviez-vous perçu le danger avant que cela n’éclate ?

On lisait des choses dans les journaux, mais le club nous rassurait en disant que tout allait bien. Une semaine avant, nous étions en stage en Turquie, et les joueurs brésiliens commençaient à avoir peur de rentrer en Ukraine. On a eu une réunion où ils ont exprimé leur inquiétude. Trois jours avant l’éclatement de la guerre, j’ai fait mes valises et je me suis installé à l’hôtel, qui avait un sous-sol sécurisé. Le jeudi matin, les bombardements ont commencé. On est restés cinq jours enfermés avant de pouvoir partir grâce à l’aide de Ceferin et des fédérations.

Aviez-vous votre famille avec vous en Ukraine ?

Non, elle était en Italie. Ma fille m’a beaucoup reproché de ne pas être rentré plus tôt, mais après, elle a compris pourquoi je suis resté : pour accompagner mes joueurs, qui étaient très jeunes. Elle m’a écrit une lettre magnifique en rentrant.

Comment expliquez-vous que l’Italie ait manqué deux Coupes du monde consécutives ?

C’est un moment historique difficile. Nous avons moins de grands talents qu’avant. Ce n’est pas la faute des entraîneurs actuels. Le niveau est plus bas aujourd’hui. On voit bien que d’autres nations, comme la France ou l’Espagne, produisent plus de joueurs de haut niveau actuellement. Ce n’est pas qu’une question d’envie ou d’attitude des joueurs, c’est aussi un problème structurel.

Le manque de talents est-il lié à un problème de formation ?

Probablement, même si je ne suis pas le mieux placé pour juger. Il y a certainement des choses à revoir. Mais je ne blâme pas les joueurs ni les entraîneurs. C’est une situation globale, un cycle difficile. Il faudra du temps pour en sortir.

Vous avez été un numéro 10. Est-ce difficile pour les entraîneurs qui ont été de grands joueurs de se mettre à la place des joueurs moins doués ?

C’est très difficile. Moi, je n’ai pas été un grand joueur, c’est peut-être ma chance en tant qu’entraîneur. Ceux qui ont été très talentueux doivent apprendre à se détacher de ce qu’ils étaient pour aider les joueurs d’aujourd’hui, qui n’ont pas toujours cette même vision du jeu ou cette capacité.

Comment gérez-vous la frustration de la défaite ?

Je vis pour le résultat, contrairement à ce qu’on dit parfois. Mais je crois qu’il faut se concentrer sur le chemin, sur la manière dont on atteint ce résultat. Sinon, tout se vaut et il n’y aurait qu’une seule façon de jouer au football. Je me fâche quand je perds, mais je veux le faire en respectant mes idées et mon style de jeu.

Le fait d’être étiqueté comme entraîneur du "beau jeu" vous agace-t-il ?

Oui, ça m’énerve. On me dit que j’ai un "football à moi", mais ce n’est pas vrai. Je ne veux pas de joueurs télécommandés. Je travaille sur des principes de jeu, pas sur des schémas figés. Les joueurs doivent savoir s’adapter aux situations, c’est ça le vrai football moderne.

Vous avez regardé la finale de la Ligue des champions ?

Non, j’étais au concert de Vasco Rossi à Turin avec ma fille. Quand Vasco chante ou donne une interview, je coupe tout. Je vais faire plusieurs dates avec ma fille, c’est notre moment ensemble. Vasco me touche plus que le football. Il me fait pleurer, réfléchir. Je n’ai même pas envie de le rencontrer pour ne pas risquer d’être déçu.

Vous parlez beaucoup de Vasco. Pourquoi cette admiration ?

Parce qu’il est resté cohérent toute sa vie. Comme Maradona. Ils ont payé le prix de leur sincérité. Beaucoup de gens parlent, mais mènent une vie différente. Pas eux. Ils ont été droits, et c’est rare aujourd’hui.

Que pensez-vous du résultat surprenant du PSG contre l’Inter ?

C’est un score étrange. L’Inter est une grande équipe, Inzaghi est un grand entraîneur. Mais je crois que l’Italie a sous-estimé le PSG. On ne connaissait pas bien leurs spécificités : Dembélé prêt à démarrer à tout moment, Barcola est un talent du niveau de Lamine Yamal. Vitinha est peut-être le meilleur milieu du monde actuellement. L’Italie a été surprise.

Est-ce que des entraîneurs italiens vous appellent pour demander des conseils sur les adversaires ?

Non. Pourtant, cette saison, avec l’OM, on a terminé deuxièmes derrière le PSG, après que le club ait terminé huitième la saison précédente. On a recruté et vendu des joueurs, baissé la masse salariale. En Italie, on n’a pas vraiment reconnu cette performance. Ils pensent que la Ligue 1 est un championnat facile, mais ce n’est pas le cas. C’est un championnat difficile, équilibré. En France, j’ai eu cette reconnaissance.

À Marseille, comment vivez-vous le rapport avec les supporters ?

C’est particulier. Je divise. Mais c’est aussi pour ça que je me sens bien. Quand tu es dans un grand club, tu ne peux jamais te relâcher. À peine une saison terminée, tu dois déjà penser à la suivante. Il faut toujours avancer.

Un grand merci Roberto, bonne chance pour la saison prochaine.

Merci beaucoup, je vous attends à Marseille. Venez nous rendre visite au Vélodrome !

Une chanson pour conclure cette interview ?

« Liberi liberi » de Vasco Rossi. Une de mes préférées.